Clover, une belle ville de Fiore. Lily n'y était allée qu'une fois, avec son "maître, pour l'entraînement et faire un peu de commerce ; en passant. A force de devenir fort, on en oublierait presque de se nourrir, mourir serait vraiment embêtant - ce qui n'est pas dans les projets de la jeune fille est-il bon de préciser. C'est ainsi que, après avoir terminé une autre mission, Lily prenait le chemin de retour par le centre-ville de Clover, sous les conseils d'un vieux fermier. Seulement voilà, elle n'avait pas écouté la mise en garde et s'était élancée de suite dans cette direction. Malheureusement, les craintes de l'ancêtre étaient justifiées, les rues étaient totalement pleines. Jour de marché, c'était bien sa veine. Si seulement elle avait été un peu plus patiente ! Dans un soupir de consternation, elle continua tout de même sa route parmi toute cette agitation. Vêtue de son armure, elle n'avait aucune peur à avoir pour sa santé, on s'écartait presque sur son chemin en vue de son étrange accoutrement - de chevalier !

En soi, cela l'arrangeait, elle pouvait être tranquille. Néanmoins - car il y a toujours un hic, douée comme elle est, elle réussit à se glisser dans un endroit plus calme et reculé, mais surtout à se manger le haut d'un stand sur la figure. Il semblait déjà en assez mauvais état vu la facilité avec laquelle il s'était décroché, et elle avait réussi à arriver au moment propice pour se faire assommer par cette mauvaise construction. Bref, ce dernier devait déjà vacillait, mais bon, vu son mode de pensée, Lily devait songer à une autre alternative. Comme celle qui aurait fait que notre jeune chevalière aurait réussi à faire tomber l'un des "piliers" et donc, faire s'écrouler toute la construction. Alors, tant bien que mal, elle tenta de s'excuser auprès du marchand. Non, en réalité, elle l'inonda dans ses excuses, se perdant elle-même dans ses mots et créant toute sorte de phrases assez bizarres et improvisées. Ainsi, elle s'inclina sans cesse en enchaînant des "Pardon", jugeant que les longues tirades avaient plus de défauts que d'utilité avec lui.

Avec un air désolé et triste, qui faisait presque pitié, elle n'avait pas l'air de se lasser de montrer sa désolation. Seulement, la moitié de la marchandise se trouvait maintenant à terre à cause du brusque choc qui venait de se dérouler, et Lily ne savait que faire. Elle venait de gagner son repas pour ce soir avec sa mission, et elle devait tout ! Ce qu'elle fit, bien évidemment, avant de se faire interrompre par un jeune homme à la coupe bizarre qu'elle fixa longuement. Il voulait l'aider, ce qu'elle accepta avec joie. Elle ne prit pas la peine de le détailler lorsqu'il la gratifia d'un regard curieux, et se contenta tout bonnement de lui faire un beau smile.

"Merci beaucoup !"

Après quoi, ne répondant pas à sa question - sa tête montrait qu'elle allait bien, autant que son ton joyeux - elle se tourna vers le marchand qui martelait le sol de son pied, visiblement impatient. Il attendait son argent, et rien de plus. Lily regarda toute la marchandise au sol, mesurant brièvement le prix de tous les fruits qui étaient étalés au sol. Elle abandonna bien vite l'idée de les compter et sortit une liasse de billets, espérant que le compte y serait. Abattue, elle en avait même perdu son beau sourire et sa bonne humeur du jour. Bah, tant pis, elle ne mangerait pas, ce serait sa propre punition. La jeune femme détacha rapidement son armure et la laissa tomber dans un vacarme assourdissant sur le sol, se voyant désormais vêtue d'une simple robe bleue assortie à ses yeux. Elle ramassa son tas de ferraille, le mettant dans un sac qu'elle jugea bon de tenir à la main. Ainsi, d'un air triste, elle se tourna de nouveau vers l'homme qui l'avait aidée, sans aucune conviction. Il n'avait pas l'air bien méchant, mais il était... bizarre.

Peut-être pourrait-elle discuter un peu avec lui et enfin se faire un ami, qui sait ? Une simple rencontre ne serait pas de trop non loin, car le nombre de personnes qu'elle a côtoyées dans sa vie se comptent sur les doigts de la main. Son maître, et ... bref, elle n'avait rencontré que peu de gens pour le moment. De ce fait, elle ne savait absolument pas comment s'y prendre avec les autres et n'était déjà - de base - pas très douée. Après quelques réflexions qui ne la menèrent d'ailleurs pas très loin, Lily décida d'entamer une discussion avec lui. Elle serait sérieuse du début à la fin ! Seulement, son ventre choisit ce magnifique moment pour gargouiller magnifiquement.

"C'est faux ! Je n'ai pas faim !"

Système d'auto-défense : activation. Lily ne se fit pas prier, lorsque le jeune homme s'approcha d'elle une seconde fois. Elle avait déjà relevé le fait qu'il soit quelque peu bizarre, mais n'y avait pas prêté énormément d'attention. Vu qu'il l'avait sauvée, ou plutôt tirée d'une mauvaise passe - financièrement parlant, j'entends, elle reconnaissait le fait qu'elle avait une dette envers lui - bien que cela ne l'enchantait pas vraiment, est-il bon de préciser. Quand bien même, ce jeune homme avait l'air de prendre plaisir à l'épauler, et la raison ne lui demeura pas inconnu plus longtemps que le moment de son retour. Il lui offrit un clin d'oeil qu'elle ne releva pas, mais il ne prêta pas non plus attention à son absence de réaction. Bon gré mal gré, elle lui enfonça par réflexe son genou dans le ventre lorsqu'il tenta de lui prendre le bras. Le voyant s’affaisser sur lui-même à cause de la souffrance, elle décrocha un petit cri de surprise et vint à son tour l'aider à se relever - de la même façon qu'il l'avait fait avec elle, il n'y a que quelques minutes.

"Euh... excusez-moi, c'était un réflexe."

C'est vrai, Lily n'avait pas agit volontairement, elle avait simplement fait cela pour se protéger. Certes, c'était sans doute exagérer que de prétendre qu'elle était en danger, mais elle avait déjà entendu parler de ce genre d'hommes. Il n'avait pas l'air d'avoir d'intentions hostiles à son égard, mais elle préférait tout de même être prudente quant à son approche un peu trop directe, à son goût. N'allez pas croire qu'elle haïsse le sexe masculin au point d'un développer une certaine homosexualité, loin de là. Seulement, elle restait insensible aux charmes du jeune homme, mais comprenait tout de même ses intentions - et ce n'était pas pour la rassurer, au contraire. Aussi, le fait qu'il l'aide lui procurait un certain charisme, mais il ne fallait pas trop pousser non plus. Elle commençait à s'inquiéter, il y avait des limites à la gentillesse, et peu de personnes auraient celle de l'inviter dans un banquet - pour peu qu'elle soit une mage complètement perdue et maladroite, capable de raser un bâtiment de guilde... sans faire exprès, en se prenant un mur dans la tête.

Aussi, un autre détail avait eu le loisir de confirmer la théorie que la jeune femme se forgeait. Un groupe de filles, pas très intelligentes apparemment, étaient venues s'amasser autour d'elle à la suite de l'invitation du jeune homme. De ce fait, Lily avait commencé à se demander si toutes n'avaient pas déjà été dans son cas, auparavant, se faisant soudoyer par ce genre d'hommes, pour ensuite se faire jeter comme un vieux déchet. Non, Lily n'avait aucunement l'intention de se laisser prendre à ce genre de jeux, d'autant plus qu'elle n'était vraiment pas très dégourdie dans ce genre de relations d'amour. De plus, c'était vraiment la dernière de ses préoccupations que de prendre un petit ami, elle avait l'intention de progresser sur le chemin de la magie - et savait pertinemment que ce genre de relations ne feraient que la gêner. Elle préféra s'écarter du jeune homme, qui se tenait un peu trop près d'elle, et le regarda dans les yeux sans ciller. Histoire de bien mettre en valeur la distance qu'elle venait de créer, elle tendit son bras en plaçant sa paume devant elle.

"Je suis désolée. Je n'ai pas l'intention de développer ce genre de relations." lança-t-elle.

Rapide, vif, directe. C'était tout bonnement à ce genre de choses que les hommes dans son genre ne s'attendaient pas. Ses yeux étaient sincères, mais sa gentillesse la poussait à s'excuser avant de développer ce genre de phrases cassantes. Si elle ne comprenait pas vraiment la raison de ses agissements, elle n'en demeurait pas moins une femme et était assez sensible aux réactions d'autrui - si tant est que celles-ci avaient le loisir de la toucher. Malgré tout, elle ne se ferait pas berner par une simple comédie. Jamais.

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