Une germe. Une idée. Un plan.
Un des trois serait parfait pour essayer de remédier à la situation. Surtout que certains de ces hommes continuaient, stupidement à se frayer un chemin au travers de mon mur de ronces. Peut-être devrais-je faire comme contre le mage de sable... utiliser cette technique douloureuse qui me permettrait à la fois, d'infliger de nombreux dégâts et de les paralyser momentanément, à défaut de savoir faire mieux pour l'instant... Ou alors... Non.
Je la garderai pour plus tard. Je n'avais pas envie de me rendre plus inutile que je ne l'étais déjà.
Peut-être qu'il ne fallait plus que je réfléchisse, que je me laisse guider par mes instincts primaires et autres réflexes en faisant abstraction de tout le reste...
Ne plus réfléchir.

En fait, même quand on essaie, on réfléchit toujours à quelque chose...

Me baissant, j'attrapais une pierre. Lapider les ennemis à coup de caillou était quelque chose d'assez drôle en soi, mais fallait-il que... Tais-toi.
Mon mur de ronces se résorba, s'enfonçant dans le sol. Les deux brigands, vraisemblablement surpris me laissèrent, momentanément, une ouverture, de part leur surprise. Le plus proche de moi se retrouva avec mon poing enfoncé dans son visage. La pierre que je tenais accentua la puissance du coup, mais m'arracha une horrible douleur. Sans compter le bruit causé par le nez adverse. Ce même nez ne tarda pas à cracher du sang et son propriétaire quant à lui tomba à la renverse. Je n'étais pas très forte; je n'avais ni gros bras, ni une puissance démesurée, mais la surprise et l'élan jouaient bons rôles.
Lâchant la pierre et accessoirement un juron, j'en avais presque oublié le second. Celui-ci m'entailla le bras avec sa dague, ce qui me tira une grimace de douleur. Je reculais, essayant d'esquiver le reste de ses attaques. Au bout d'un moment, je sentis quelque chose dans mon dos. Ne cherchant pas trop à comprendre de quoi, ou plutôt de qui il s'agissait, j'essayais tant bien que mal de continuer à reculer, avant de me vautrer lamentablement sur le sol, les quatre fers en l'air.

C'était Cesus.

Mes yeux le dévisagèrent longuement avant de reporter mon attention sur mon adversaire, alors que j'étais encore allongée sur le sol.
J'aurai pu lâcher un juron, un soupir, des excuses, mais ma priorité était quand même de réussir à neutraliser mon assaillant. Surtout qu'il y en avait encore d'autres. Grognant faiblement, je pus remarqué que mon adversaire était prêt à me poignarder. Un automatisme, certainement débile, me fit fermé les yeux, comme pour appréhender la future douleur. Pourtant, je ne sentis rien. Ouvrant mon seul œil, je pus remarquer que nos adversaires s'étaient immobilisés; ou plutôt, qu'ils étaient encordés de lianes, de ronces qui tenaient fermement leurs membres. Celles-ci, vêtues d'épines ne tardèrent pas à les lacérer tandis qu'ils essayaient de se décrocher de leur étreinte. Un, saisi au niveau du cou commençait à virer au bleu, bien que ses mains tiraient vainement en s'écorchant.

… Cela m'effraya.

Prise d'une certaine crise d'angoisse, je sentais la panique m'envahir.
Elle commença réellement lorsque le brigand, victime de strangulation s'effondra sur le sol, vomissant de la bave. Il ne bougeait plus, ses yeux étaient révulsés et semblait totalement inerte.
Faisant totalement abstraction à ce qu'il se passait autour de moi, je m'étais recroquevillée. Mes mains s'étaient portés sur mes oreilles, comme pour me couper auditivement du monde extérieur. Ma bouche quant à elle tremblait, marmonnant des choses incompréhensibles.
Était-il mort ? Était-il vraiment mort ? Pourquoi l'avaient-elles étranglé ? Pourquoi l'avais-je tué ? ?
En proie à toutes ses questions culpabilisantes, qui ressassaient l'histoire de mon frère jumeau, j'étais restée assise, au milieu de ce champ de bataille où de nombreux hommes gisaient sur le sol. Et, où d'autres, se tentaient de se décrocher difficilement de leurs liens.
Il fallait que je me reprenne. Que je pense à la suite de cette mission, qu'il ne fallait pas que je sois un poids pour Cesus.... que je me calme.
Vraiment.