Le matin avait des airs de délices, gourmand réveil qui nous comble dès que les premiers rayons du soleil viennent nous caresser le visage. La joie inonde déjà nos lèvres, elle fleurit dans un sourire qui ne demande qu’à s’épanouir toujours plus. Avec elle, l’innocence se présente, incapacité de douter du monde, le paradis est présent sur terre du moment que nos pas partagent ceux d’une compagnie agréable. A peine éveillé que les rêves reprennent le dessus, fantaisies d’une journée qui s’annonce romantique. La compagnie devrait être de bonne qualité, et l’imagination de Fye le savait très bien. Prévisions de futures discussions intéressantes, d’une mission passionnante et d’une complicité naissante.

Il était l’heure de se lever, l’heure du petit déjeuner. Pourtant, il n’y avait pas d’ami Ricoré. Simplement une table en mosaïque sur une terrasse fleurie. Plaisirs simples, bonheur immédiat. Au cœur d’un souffle, le vent chante une mélodie estivale, brise matinale rafraichissante qui contrastait avec la chaleur douillette du lit collant encore à la peau de l’illusionniste. Fye entamait son repas, prémices d’un bien être qui durerait peut être toute la journée. Une liqueur sucrée mais presque bouillante et les lèvres du mage esquivent pour souffler dessus, habitude d’un quotidien toujours identique. Pourtant, même un cercle vicieux peut avoir une fin, alors que dire des cercles vertueux ? Ce matin, le petit déjeuner avait un arrière gout amer…

Au moment de la douche, le miroir dévoila une tache bien trop connue, une lumière qui ne devrait pas être allumée, un tatouage que l’on ne peut détacher. Ce phœnix que Fye avait dans le dos, tribal dessiné par un artiste inconnu, il brillait d’une couleur bleu turquoise incandescente. Ce n’était pas une lueur normale, c’était de la magie. Et le mage blond ne pouvait rien y changer parce qu’il ne savait pas de quoi il s’agissait. Il s’était réveillé il y a un an, amnésique, et ce tatouage décorait déjà son dos. Depuis, il se réveillait quelque fois avec cet éclat rutilant qui s’évanouissait quelques minutes après. Avec pour compagnon un mal être, une sensation désagréable qui titillait son cœur pur et innocent. En ressentant cette légère nausée, il était pris de vertige. Pour finir, il avait un flash. Fixant du regard ses mains tout juste lavés, il les voyait pleines de sang pendant un millième de seconde, puis plus rien. Le calme plat. Expérience plutôt désagréable qui se renouvelait rarement mais de façon périodique, sans raisons. Généralement, son corps se mettait à trembler tout seul, comme si un stress inconscient s’évadait après avoir été contenu… Au final, le regard de Fye cherchait une réponse dans son reflet qui pourrait peut être résoudre ces mystères dignes d’un autre monde, univers inconnu qui se cache de l’autre coté du miroir. Mais encore et toujours, il n’y avait aucune réponse.

Dos au mur, paralysé, il se laissait glisser jusqu’au sol comme si toute joie lui avait été retiré. Position du fœtus. Il s’agrippait à ses jambes recroquevillées, plongeant sa face dans le creux de ses genoux. Fye avait peur. Ce n’était pas comme les fois précédentes, cette fois ci le malaise était plus intense comme si… comme si ce sang qu’il avait vu sur ses mains était là pour prouver un crime qu’il avait commis ! Mais comment aurait-il pu oublier un tel acte ? Lui qui avait bien dormi, il aurait du être fatigué si ca s’était passé cette nuit. Il devrait y avoir d’autres preuves aussi, comme des blessures sur son corps, du sang sur ses vêtements. Mais rien. En y réfléchissant un peu plus, c’était vraiment cette sensation qui l’inondait, celle d’avoir fait couler le sang… Maintenant, il restait à savoir comment, et pourquoi. Sauf que l’esprit du mage blond était brisé, comme désespéré, il n’osait plus y penser. Non, il souhaitait tout oublier ou alors se suicider. Une larme coula le long de sa joue, pureté incarnée qui fuyait une énigme pleine d’impuretés.

Quand soudain, l’illusionniste se remémora la journée précédente, sa rencontre avec Abigail. Son cœur se remit à battre la mesure. Il se rappelait de son sourire, de ses rougeurs, de son charme qui ne le laissait pas de marbre, autant d’éléments qui l’attirait tellement… La peur disparut, éclipsée par un sentiment plus fort, indescriptible. C’était comme s’il était en train de se noyer, que ses poumons allaient exploser, et que pour y remédier, il fallait se dépêcher d’y retourner… à ses cotés. Se relevant d’un coup, son visage ne pouvait exprimer plus grande détermination. Il avait une mission de prévu avec sa nouvelle amie, ce n’était pas quelques petits vertiges qui allaient le retenir. Oui, il ne pouvait plus attendre de la revoir, elle était sa drogue, son soleil, sa nymphe.

Se dirigeant vers le QG de sa guilde, Fye se jura à lui-même de ne pas inquiéter sa petite Aby avec ses soucis. Il se devait d’être un homme, un rempart à la douleur de son amie, donc il ne souhaitait pas qu’elle se fasse du souci en apprenant ses malaises, elle avait déjà suffisamment de ténèbres dans son passé… Et en parlant de cet ange magnifique, on en voyant l’auréole. Elle était là, à quelques pas, mignonne à en craquer, à tel point que… Fye lui sauta dessus ! Avec un sourire grandiose sur ses lèvres, son plaisir d’être avec elle étant vraiment manifeste, il la prit dans ses bras pour un câlin des plus enjoués. Agissant comme un chat qui câline sa maitresse, il ronronnait rien qu’en frottant sa joue comme celle de sa princesse.

-Bonjour ma petite Aby ♥ Ca me fait tellement plaisir de te revoir, tu m’avais manqué tu sais !

Après ces charmantes retrouvailles, il fallait s’organiser pour la mission d’aujourd’hui ! Mais déjà, il fallait la choisir ! Les deux nouveaux coéquipiers arrêtèrent leurs choix sur celle qui consistait à rassembler deux jeunes enfants qui s’aimaient mais dont l’amour leur était interdit par le grand frère de la petite. C’était vraiment dans les cordes du magicien blanc. Dans un premier temps, et même si ca le faisait souffrir de proposer ca, Fye demanda à Abigail s’ils devaient se séparer pour aller à la rencontre de chacun des membres du petit couple pour ensuite se retrouver et affronter le grand frère ou alors sa compagne avait-elle une autre idée ?

• Dans la violence de nos amours, sûr, en mégot sur du velours nous partirons dans la fumée, mon amour les yeux fermés.
Musique

.

Des légers susurrements eurythmiques extirpèrent avec douceur Abigail de l’étreinte de Morphée. Armée de l‘indolence, ses paupières s’entrebâillèrent. Des paupières qu’elle aurait préférait garder closes encore quelques heures. Ses bras encore plongés dans un état d’apathie étreignirent l’oreiller contre sa joue. Ses genoux se plièrent tandis que l’océan de ses yeux fixèrent la fenêtre en supposant quel ornement parerait Fiore aujourd’hui. Imprévisible, elle expédia le malheureux coussin contre le mur d‘en face, ses bras se tordirent vers le haut tandis que ses jambes s’étiraient vers le bas, lorsqu’elle entendit un craquement, promptement, elle se décida qu’il était tant de s‘ôter ses draps chauds contre son corps.

S’habiller une nouvelle fois de la même réalité. Sauf si aujourd’hui, elle serait modeler d’une autre manière selon la vision d‘Abigail. On qualifierait ce quotidien d’ « unique » aujourd’hui.

Comme si elle ébauchait des pas de danse, elle se rendit jusqu’à l’emplacement de son armoire. Elle piocha au hasard à l’intérieur et lança une tenue aléatoirement choisie sur son lit. (La tenue ici). Regarder silencieusement ses perles nacrées s’écraser contre le reflet de sa physionomie grâce à la réfraction réfléchie du miroir. Fixer le reflet de son âme à travers le carrelage, se napper d’une brume confuse. Voir la peur dissimulée au plus profond de lui même, apparaître dans la flamme cobalt de ses yeux vacillants. Serait-elle à la hauteur de ses vaines espérances ou lui inspira-t-elle une charmante pitié ? Douce Abigail, tu es bien angoissée, aujourd’hui.

Malgré ses tourments intérieurs sur l’état de sa chevelure, elle décida qu’elle pouvait sortir. Ses iris roulèrent et s’aperçut avec consternation qu’elle était indéniablement en retard. Ses lèvres se pincèrent pour se retenir de ne pas cracher une série d’injures. D’un pas rythmant son retard, elle ouvrit sa fenêtre et se hissa sur les extrémités de celle-ci. Des flammèches vertes embrasèrent ses chevilles. Elle écartela ses bras disloqués, sa bouche inhala une énorme bouffée d’oxygène. Ses paupières se scellèrent et elle succomba dans les abysses de l‘air. Sur les gouttières ruisselantes dans sa traîne brulante. Qu’elle était exaltante, lorsque laisse aller ses mouvements au rythme du vent. Elle croit déjà connaître les dédalles des étoiles, Abigail, qui lui promettent bateaux et voiles. A les toucher du doigt, les aurores et les feux, ça la lassent quelques fois et lui brûlent les yeux.

Une fois qu’elle eut accès au point de rencontre, ses lèvres sifflèrent pour laisser entrebâiller une mélodie satinée. Et elle se sentit défaillir, la douce. Enveloppée par une aura chaleureuse et solaire, qui ne lui embrasait pas les pupilles. Dans les tréfonds de son être fragmentée résonnait le déchainement de son cœur qui s’envola en écornures se déchirer contre l‘intérieur de sa peau.

▬ Bonjour ma petite Aby ♥ Ca me fait tellement plaisir de te revoir, tu m’avais manqué tu sais !

Autour d'elle souvent, des astres se brisent, aux récifs et aux vents…mais elle rêve de brise. Abigail recula de quelques pas sous la masse qui s’oppressait contre sa silhouette de poupée désarticulée. Des plumes d’un fragment sur l’asphalte. Et elle t’enlace. Dans le trafic, elle s’abandonne aux risques, pieds nus à effleurer ses propres peurs.

▬ Fye ! Tu es là, je t’attendais.

Abigail, cet amas de petits mensonges et de finesse.
Elle est possédée de Fye comme une brûlure qui la calcinerait toujours. Une fois réunit autour de la mission choisit. Abigail approuva l’idée de Fye, c’est-à-dire se séparer pour trouver l’un des deux protagonistes. Elle opta de choisir la petite fille, elle y serait plus à son aise. Même si elle esquissait une grimace imperceptible intérieurement à l’idée d’être séparé de son compagnon. Et elle s’approche, la douce, et murmure près de ses joues un « à toute à l’heure » essoufflé. Puis elle chancelle et disparaît dans la nuée humaine qui se presse contre son corps fragmenté. Peut-être devrait-elle l’informer, que demain elle partait sur l’île de Legion ? Même si ca n’exposait qu’elle, pas Fye.

Elle longe les avenues, Abigail, les paupières brisées et le souffle palpable, elle regarde sans parvenir à distinguer les ombres outrageuses qui dansent devant elle. Comme d’habitude, elle perd les fragments de sa réflexion lorsqu’elle croise Fye. Nuisible au nom qui se cramponne et qui la lit à cette obsession aux cheveux blonds immaculé. Et parmi toute ses pensées innovantes et bouleversantes. Et parmi tout ça, il y avait Fye. Fye et ses airs de positivités et ses avalanches de cheveux blonds. Ses attentions calculées. Il était différent des autres.

***


Suite à diverses recherches, elle finit par repérer la jeune fille, accroupie. Indifférente à la foule qui l’entourait. Elle sourit un peu d’un rictus digne de son raisonnement fictif, face à cette silhouette hautaine et sa cascade d’un rouge aveuglant qui s’éclate en fragment face à la rétine. Elle s’approche, d’un pas sur. La rousse la fixe, Abigail exhibe juste l’insigne du pégase bleu pour que l’expression hautaine de la jeune fille se mue en un sourire soulagé. Elle se leva.

▬[/color] Vous êtes ici pour ce que je pense ?
▬ Oui. Je m’appelle Abigail, et je suis une mage de Blue Pegasus. La guilde pour qui vous avez fait appel. Mon ami est allé voir ton compagnon.

La jeune enfant roula des yeux au ciel.

▬ Je suis Lumen, dieu merci ! Vous allez nous aider, alors ?!
▬ Nous allons faire ce que nous pouvons, oui. Mais il faudrait que vous m’aidiez sur quelques points.
▬ Oui, bien sûr. Comment je peux vous aider ?
▬ D’où est partie ce conflit ?

Son regard s’assombrit.

▬ Mon grand frère n’a jamais aimé Vaan, il l’a toujours méprisé. Et il m’a dit que si j’étais avec lui, je faisais honte à la famille. (Elle marqua une pause pour masquer l’émotion qui la submergé). J’aime Vaan, irrévocablement. Et le fait que mon frère s’interpose entre lui et moi, ça me met hors de moi. Mon frère refuse de m’écouter. Il dit que je vaux pas mieux que lui à vouloir rester à ses côtés. Il nous rabaisse sans cesse. Il veut le détruire et l’éloigner de moi. Mais Vaan, je l’aime. Je ne veux pas qu’on lui fasse du mal. Alors je me suis montée contre mon grand frère pour lui. Nous ne savons plus quoi faire car mon frère a décidé de ramener des amis à lui pour mettre un trait à notre idylle. Que devons-nous faire ? S’il vous plaît, aidez nous…
▬ Votre frère n’aime pas Vaan , d'accord... Mon ami découvrira surement une raison lorsqu’il lui en parlera. Ne t’inquiète pas, je pense que ce petit accrochage va très vite s’arranger.

Elle avait endossé le rôle de grand sœur, Lumen s’était confiée à elle et elle n’avait pas réellement du lutter. Peut-être parce Lumen et son ami avaient misés leurs espoirs sur Fye et elle.

• Cerisiers, belles fleurs sur les pentes et dans la prairie,
tu embaumes et tu embellis.
Sur la brume légère brille le soleil du matin.
Les cerisiers fleurissent pour nous.

.

Une onde de spasmes et de nerfs parcourt la physionomie de la demoiselle à la voix de rossignol. Elle ressemble à une bougie à la flamme épurée, Lumen, munie de quelques trainées de songes enflammés. Ses sentiments ressemblaient à différents engrenages rouillés, comme s‘ils étaient inondés de ses pleurs congelés. Abigail, t’as le cerveau qui déraille à force de t’imaginer des choses incohérentes, arrête tes scénarios et reprends ta concentration. Mais tu ne peux t’empêcher d’admirer le caractère chatoyant de Lumen. Ses cheveux de feu ondulés embrasent son minois de poupon. Ses yeux sont gigantesques et on y lit une détermination farouche. Mais on y décelait aussi l’abyssale manque de confiance qui la saisissait. Lumen était désespérée. Elle avait délégué son espoir fissuré entre les mains maladroites d’Abigail. La mage de Blue Pegasus regarda la jeune fille qui tentait de décrypter une réponse. Un quelque chose qui pourrait embraser ses engrenages usés pour qu’ils fonctionnent correctement. Sous le silence d’Abigail, Lumen soupira bruyamment.

▬ Vous allez nous aider, oui ou non ? Je n’ai pas fait appel à une guilde qui est incapable de faire ça…! Vous étiez notre dernier espoir, à Vaan et à moi ! On voulait juste être tranquille et vivre notre vie comme on l’entendait ! Pourquoi restez-vous muette?!! Vous avouez que vous ne pouvez rien pour nous? Votre silence veut tout dire…!

La voilà qui s’agite, la flamme de son âme s’embrase de nouveau. L’ombre d’un sourire s’étire sur les lèvres d’Abigail. Cette fille, Lumen. Elle était d’une détermination sans faille, et elle admirait ça. Comment une simple enfant pouvait-elle faire preuve d’autant de fougue?

▬ Ce que tu ignores, c’est que mon silence peut avoir plusieurs visages. Très bien, Lumen, je pense que ça va être plus simple que prévu. En fait, c’est même très simple. Au lieu de t’emporter, puisque tu es quelqu’un de très…impulsive, on va dire. Tu dois maîtriser ta colère, sinon ton cerveau est incapable de réfléchir et tu balance des phrases cinglantes qui doit encore plus envenimer les choses. Par exemple. si tu gronde ton grand frère, celui-ci pourrait croire que c’est ton ami qui te monte contre lui. C’est son âme de grand frère qui le pousse à agir. Tu es son petit bébé, une chose qu’il veut protéger de tout les dangers. Je ne pourrais réellement te décrire avec des mots concrets ce que ça signifie comme relation. Mais les grands frères, c’est comme ça. Peut-être que le tien est dans l’excès. Je ne te demande pas de le pardonner pour ses agissements, car il ne doit pas réellement avoir de motif valables pour ses actions. Mais tente au moins de le comprendre, Lumen. Je suis sûre que si vous y mettez tous du vôtre, cette histoire sera vite étouffée.

A trop voir le soleil, il nous manque la nuit. La commissure des lèvres de Lumen vibrèrent sous la tirade d’Abigail. Peut-être son encéphale vient de subir une poudre d’instructions trop importantes et que tout ses neurones s’activent pour analyser la chose. Mais c’était positif si cette fille aux cheveux de feu se mettait à réfléchir, pour tenter de comprendre le but des phrases de la mage aux cheveux d’or. Cette matinée brulante ou ses lèvres sauvages semblent invoquer le soleil. Cette matinée ou Lumen n’aurait jamais cru s’oublier un peu. Noctis et ses sourires. Noctis et ses manies de la protéger. Elle avait omit ce détail qui faisait l‘ensemble d‘une relation fraternelle.

▬ Je suis un boulet. Je me suis pas rendue compte de l’importance des agissements de mon frère, je les ai vus comme un obstacle à ma vie, j’ai cru qu’il voulait s’y opposer. Alors qu’en fait…en fait…il voulait mon bonheur. Mais c’est son rôle de grand frère qui l’a poussé à agir ainsi, bordel, qu’est-ce que j’me sens bête.

Un bouquet d’émotions éclatent comme un artifice et se mue en un sentiment plus fort, la mécanique de ses sentiments est de nouveau libre. On entend l’engrenage de son cœur battre de nouveau. Lumen est réparée. Dans l’ombre de Lumen, ses regrets dansaient au même rythme que les battements de son cœur. Elle s’en voulait d’avoir été si brutale avec son frère, mais en voyant Noctis agir de la sorte, tout avait prit feu en elle. Ses pleurs s’étaient dilués dans le feu de sa colère. L’astre solaire scintille, les nuages trempent dedans comme d’incroyables barba papas bleutés. On dirait des bouts d’océans fragmentés. La fille à la voix de Rossignol fixe les cristaux liquides d’Abigail. Puis, de sa main tremblante, elle saisit la manche de son vêtement.

▬ Allons voir mon frère. S’il te plaît, Abigail, je suis sûre que toi et ton ami vous pourrez faire quelque chose. J’ai été injuste avec toi, j’ai cru que tu n’avais aucune idée pour résoudre cette histoire, du coup j’ai un peu pété les plombs. J’étais trop désespérée, j’étais aussi trop égoïste pour me dire qu’il n’y avait que Vaan et moi qui souffraient dans cette histoire. Noctis, mon frère, doit souffrir lui aussi. Du coup, je pense qu’il faut mettre les points sur les i et régler cette histoire une bonne fois pour toute. 

La tête d’Abigail bascula légèrement de bas en haut pour accepter sa requête. Les deux jeunes filles s’élancèrent dans les dédalles sinueux des avenues à la recherche d’un dénommé Noctis. Malheureusement, les recherches demeurèrent infructueuses. Les lambeaux d’espoirs de Lumen tombaient silencieusement à ses pieds et elle se mordit violemment la lèvre. Abigail posa sa main froide sur son épaule, s’incarnant en une caresse pour ne pas qu’elle ne perde espoir trop facilement. D’une grande inspiration, Lumen aspira tout ses lambeaux d’espoirs et elles se remirent en route. Puis, il y eut un éclat de voix qui se brisa dans l’air, se contorsionnant jusqu’aux tympans des deux demoiselles.

Le regard givré d’Abigail se posa sur cette physionomie qu’elle reconnut immédiatement : Fye. Elle sentit directement l’orage de leur conflit. Lumen s‘élança, mais l’étreinte des doigts d’Abigail sur son poignée la stoppa. Leurs yeux se fixèrent et dans l’espace de quelques secondes, Lumen plia ses genoux en fixant la scène devant elle. Le dos d’Abigail se colla contre un mur aux briques jaunis par l’usure d‘un hiver un peu trop froid. Les bras croisés, Abigail fixait la scène sans perdre une miette de ce qui se déroulait. Fye avait l’art de manier les paroles, de sortir des arguments spontanés. Ses propos franchissait le seuil de ses lèvres avec une aisance facilement agaçante. Pourtant, ça plaisait à Abigail. Elle s’est laissée dégringolée le long de ses paroles, habillée d’une admiration ascendante. Puis, enfin, elle décida d’agir lorsqu’elle sentit une fontaine de regrets éclore dans la gorge de Noctis.

Elle passa à côté de Fye sa main se posa sur son épaule, aussi délicate qu’une plume. Elle lui offrit un sourire et murmura un « Bravo, je suis impressionnée. » au creux de son oreille. Les yeux de Noctis clignèrent plusieurs fois devant l’apparition des deux filles. Abigail lâcha, d’une voix douce et monocorde :

▬ Bonjour Noctis, je suis Abigail, l’amie du mage à qui vous avez chercher des noises. J’ai écouté ton discours sur ta sœur. L’amour fraternel que tu lui voues est immense, je dois t’avouer que je suis impressionnée. J’aimerai avoir un frère comme toi. Mais ne penses-tu pas que tu agis avec excès sur ta sœur ? Ta dernière tirade laisse à penser que tu as peur qu’elle t’oublie, mais tu omets un détail fondamental, garçon. Ta sœur, malgré tout ce qui peut se passer, t’aimeras aussi fort qu’elle le peut. Tu es son frère, son mentor, son tout. Ne penses-tu pas que ce serait un simple gâchis de tout balayer juste parce qu’elle est heureuse avec une autre personne ? Elle ne t’éjectera pas de son cœur, elle t’y gardera précieusement au contraire. Fais confiance à Vaan, Noctis. Et si tu arrête de t’obstiner dans des illusions grotesques, tu trouveras le bonheur, toi aussi.

Noctis était un type étrange. Son regard de jais statufiait tout ceux qui osait plonger son regard dans les siens. Sa coiffure était notamment plus étrange, elle semblait être confectionnait à base de plumes de corbeaux. Sa réaction ne se fit pas désirée, elle explosa entre ses dents serrées.

▬ Qu’est-ce que vous en savez, vous ? Vous pensez que quoi, sérieusement? Qu’en me déballant votre science infuse je serais là, à me mettre à genoux et à vous saluer comme des dieux?! Vous êtes malades! Regardez …! Il saisit un bout de son ventre et tira Regardez! Vous pensez qu’avec ce physique dégueulasse je pourrais être heureux, moi aussi?! C’était Lumen, qui me rendait heureux, et ce bonheur, on me l’a arrachait! Comment je pourrais être heureux alors que je suis dépourvu d’un physique qui peut plaire, hein?! Vous êtes marrant, vous ! Vous venez d’une guilde ou vous êtes tous beaux, vous savez pas ce que ça fait !

Ses mains bouillantes de colère furent enveloppés par celles d’Abigail.

▬ On sait tous ce que ça fait. Mais ne t’abaisse pas au physique, une fille saura tout simplement te reconnaître à ta juste valeur, Noctis. Car que je sais que derrière ce tempérament impétueux se cache une âme en quête d’affection que Lumen te donnait. Seulement Lumen n’est pas ton amoureuse, elle est ta sœur. Il faut que tu fasse la part des choses, Noctis. Une fille qui t’aimeras te reconnaîtra à tes qualités de garçon protecteur et tendre. Je suis sure même que ça t’arriveras même plus vite que tu ne le pense.

Ses mots suffisaient à reconstituer l’ensemble des souhaits égarés de Noctis. Comme une évidence soudaine, son cœur réalisa que croire, désirer et aimer étaient la seule potion à ses maux. Mais alors pourquoi avait-il si mal lorsqu'il commençait à croire en Lumen et Vaan? Pourquoi désirer les séparer l’avait rendu si infect? Peut-être qu’il avait trop prit à cœur la protection de sa petite sœur… Un peu désœuvré, pour éviter l’adjectif « paumé », Noctis resta plongé dans des réflexions bancales, avant de se reprendre plus violemment. Il regarda Fye et Abigail.

▬ Très bien, j’ai compris la leçon. Je laisse Vaan et Lumen faire ce qu’ils veulent de leur vie. Je ne rappliquerai plus, même si cette idée ne me tente pas vraiment.

D’un pas saccadé et vif, Noctis consume le silence qui s‘étale. Son bras se tendit, ses doigts se plièrent. Il tendait sa main à Vaan, qui incrédule, la serra de toute la sincérité qui l‘abritait. Ensuite, Noctis déposa un long baiser sur le front de sa sœur. Salua les deux mages et s’entrechoqua entre deux passants, accompagné de ses sbires. Les yeux vides d’Abigail le suivit jusqu’à ce qu’il évapore entre les deux passants. Le sourire de Lumen comme la lune, dessine un croissant apaisant.

▬ Merci à vous deux. Vous avez fait du bon boulot, et je dois dire que je suis heureuse que ça soit vous qui aient répondus à notre quête. On aurait pas pensés Vaan et moi que ça se passerait aussi vite.

Vaan surenchérit.

▬ Merci à vous, je vous jure de prendre soin de Lumen. On vous apportera des cookies, promis.

Peu de temps après, le jeune couple quitta les deux mages. Abigail les regarda se tenir la main, la manière dont Vaan s’appropriait les hanches de sa belle. Ils étaient beaux. D’un coup ses yeux s’écartent doucement pour fixer les lèvres de Fye. Elles tracent les vecteurs de ses songes, la courbe de ses rêves, sentier humide de ses voyages inassouvis. Et toi pauvre idiote, tu ne bouges pas, t’es bien trop lâche pour dire quelque chose ou agir . Pourtant, tes doigts s’approprient les siens, mélangeant votre chairs à travers le seul contact de vos mains. Et puis, tu sais pas trop si tu devrais le faire, t’hésite un peu, tu chancelles, puis tu le fais. Tu dépose délicatement ta tête contre son épaule, ta joue caresse lentement son épaule. Puis tu te tais. Qu’est-ce que tu pourrais ajouter de plus à ton action? Rien. Alors, tu te tais. Puis tu te mets à avancer.

▬ Fye…tu m’as vraiment impressionné. J’aurais jamais pensé que tu te montre si persuasif à l’aide de quelques argument. Je n’arrivais pas à te quitter des yeux, tu brillais, tu étincelais. Son bras se tendit vers l’astre solaire un peu comme le soleil. Tu es quelqu’un de lumineux, c’est la première fois que je vois quelqu’un qui émane ce genre d’aura. Je dois dire que c’est vraiment plaisant d’avoir un ami qui a ce genre de comportement.

Sa main qui enlaçait la sienne, la lâcha, sa joue se décolla de son épaule. Elle fit quelques pas chassé avant de se trouver face à lui. Elle sourit de nouveau, avant d’appuyer son index sur le bout de son nez. De là, elle approcha ses lèvres de sa joue et lui planta un baiser.

(hrp : non ne me demande pas comment j'ai trouvé cette idée de cookie, c'est sortie tout seul.)

Comme si une étoile filante traçait sa route étincelante sur le ciel nocturne, furtivement, on arrête tout ce que l’on fait pour se concentrer sur cette superstition qui nous pousse à croire en la réalisation d’un vœu. Subjugué par ce spectacle unique, enchanteur, on se surprend à vouloir devenir une étoile nous aussi, pour briller autant que ces astres célestes et poursuivre cette silhouette lumineuse qui a disparu trop vite. Aby est son étoile filante. Par ses mots, elle paralyse le cœur de Fye, il ne peut réagir face à son compliment. Le romantique reste sans voix après qu’elle lui ait soufflé quatre mots pourtant si simples mais qui génèrent tellement de timidité. Elle était impressionnée ? Ce n’était pas forcément son but mais après coup, il fut fier de sa prestation. Jamais il n’aurait imaginé réussir telle prouesse. Il se surprend à faire un vœu. Souhait d’un conquérant, désir de combler un cœur, celui de créer une romance. De se lier avec un ange, de conclure un pacte avec une déesse. Si seulement l’amour pouvait croitre entre Abigail et lui, c’était tout ce qu’il désirait…

L’espoir naissait. Fallait-il voir en cette confession intime le reflet d’une attirance plus poussée qu’auparavant ? Fye l’ignorait, il était comme déstabilisé, pris de court. Il ne parvenait qu’à observer le temps défiler, avec tous les évènements qui se succèdaient, comme mus par un engrenage invisible. Si Fye était un beau parleur, Aby, elle, pourrait persuader des pierres d’être de savoureuses guimauves. Elle faisait preuve d’énormément d’empathie, elle touchait les cœurs et redonnait espoir. Comparé au discours théorique du mage blond, qui n’était qu’analyse psychologique et logique, elle parlait avec sentiments et cela rajoutait de la profondeur à ses dires. Fye se sentait n’être qu’une pâle copie de ce qu’il désirait être finalement. Elle était réellement lumineuse quand elle le voulait, pas seulement fragile et dépendante des autres comme on pourrait le croire au premier abord. Il l’a découvrait, il s’attachait d’autant plus à elle mais une sensation désagréable s’immisçait en lui, le fait de la percevoir aussi douée et lui si illusoire, il se mettait à penser qu’elle lui était peut être inaccessible. Que tous les efforts du monde ne l’aideraient pas à conquérir cet ange éclatant de lumière, réel Soleil à elle toute seule et non un simple reflet de Lune comme lui.

Sourire en coin au cœur d’une mini déprime. Ils étaient tous beaux à Blue Pegasus ? Fye ne se considérait pas comme tel. Et de toute façon, comme le disait si bien sa chère compagne, l’important était ailleurs. Aucune grâce extérieure n'est complète si la beauté intérieure ne la vivifie. La beauté de l'âme se répand comme une lumière mystérieuse sur la beauté du corps, faisant alors briller tout notre être d’un charisme parfait. Et c’était loin d’être le cas pour Fye, il ne se considérait que comme un fantôme à l’heure actuelle, aussi transparent qu’une présence fade et sans intérêt. Son visage était masqué par ses mèches blondes, il n’était plus au devant de la scène de toute façon, personne ne remarquerait son humeur complètement différente d’il y a quelques minutes. La déprime commençait à l’envahir comme un poison s’écoulant doucement dans ses veines. Fye, c’était un peu un labyrinthe, c’est facile de s’y perdre avec lui, vu la structure complexe qu’est son âme…

Heureusement, la fin arrangée par la déesse aux cheveux d’or était si magnifique que Fye en fut touché. Ca l’apaisait de voir une histoire d’amour se concrétiser. Ca lui redonnait espoir. Ils avaient fait face aux obstacles qui se dressaient sur leur chemin pour les surmonter et arriver à destination, au bonheur durable d’un amour partagé… C’était ce qu’il devait faire aussi ! Il n’allait pas baisser les bras si vite ! Ok, il était peut être fade et sans profondeur à cause de son amnésie, il n’était pas encore très expérimenté, mais il pouvait s’améliorer ! Malgré ses compétences de débutant, il avait réussi à impressionné sa précieuse Aby, c’était déjà quelque chose ! S’il pouvait la rassurer, l’aider en quoi que ce soit, il s’y attèlerait avec ardeur, il fallait affirmer sa détermination… Et à l’entendre parler ainsi, il ne savait que dire. Il ne comprenait pas comment elle pouvait le considérer comme tel alors que c’était elle le vrai soleil. Mais vu comment elle était enthousiaste, il voulait y croire, c’était son rêve d’être un soleil pour les autres, d’autant plus pour elle…

Et puis, la voir si entreprenante, à lui prendre la main, à poser sa tête sur son épaule, il se disait que c’était ton rôle en tant qu’homme d’être son guide, pour cela, il serait prêt à tout. Intérieurement, il se fit la promesse de ne plus jamais douter, d’être déterminé à contribuer à son bonheur, rien que pour son bonheur, et de tout faire pour y arriver. Pour qu’ils puissent surmonter tous les obstacles ensemble, comme Lumen et Vaan…

Comme pour le récompenser de cette pensée, elle lui déposa un baiser sur sa joue. Surpris, des rougeurs décorèrent subitement son visage, suivi d’un sourire plus sincère qu’auparavant, plus heureux. Elle avait le don de manipuler ses sentiments. Elle était celle qui le rendrait certainement heureux, elle était celle qu’il voulait combler. Et même si elle était passée à l’action avant lui, il avait bien l’intention de le lui dire.

-Ma chère Aby… Je ne mérite pas tous ces compliments… Tu es la plus lumineuse de nous deux, je te considère toi aussi comme mon soleil, avec ton empathie si touchante, ton sourire si radieux, tu es l’ange de lumière que tout le monde voudrait à ses cotés. Mais s’il y a une chose que j’ai appris aujourd’hui, c’est que quelque soit les épreuves qui se dressent devant nous, avec nos amis, on arrive à les surmonter. A la manière de Lumen et Vaan, je voudrais que l’on forme un couple de partenaires qui reste soudé dans les difficultés. Je souhaiterais être constamment là pour toi, pour te protéger, pour t’aider, pour t’encourager, pour te soutenir, pour être un rempart aux épines de l’extérieur, être un complice qui apaise tes douleurs les plus secrètes. Je me suis rendu compte à quel point tu es déjà précieuse pour moi. Et je ne veux pas te perdre… Alors… Pour sceller cette promesse que je te fais, celle d’être constamment là pour toi, de toujours te protéger du mieux que je peux, accepte ce baiser s’il te plait…

Posant sa main sur sa joue, le blondinet se pencha vers elle pour symboliser son serment par l’union de leurs lèvres. D’abord timide, puis ensuite plus passionné, le contact se prolongea jusqu'à ce que la douceur de son amour ait touché le cœur de son amie. Souvenir à jamais gravé dans son cœur et son corps…

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