Emil s'était rapidement rétablit de son combat contre Tsukiyo Ogawa, la jeune femme déjà maitresse de guilde, lors de l'attaque sur Angel's Sky; et c'était pendant qu'il se reposait tranquillement qu'il avait employé la guilde neutre et peu connue Continuum Shift, s'alliant de cette façon à leur chef Hazama Handover, pour aller en quête d'un traducteur pour la stèle. Emil avait, en effet, une copie conforme des inscriptions sur la stèle, et s'il ne trouvait aucun écrit ne relatant la traduction, il fallait dans ce cas trouver une personne qui pourrait le faire spontanément. Malheureusement, le conseil, mit dans le bain depuis l'attaque sur Angel's Sky assez médiatisée, était désormais de la partie, et lui aussi avait trouvé le dernier traducteur avant la guilde sombre dans le but de dénicher la clef avant les criminels. Pourtant, grâce à l'ingéniosité des mages neutres employés pour cette cause, ils purent écouter sans se faire voir le message traduit, qui fut rapporté directement à Emil. Le chef de Legion comprit rapidement que le message renvoyait à l'île sous ses pieds, la propre île qu'il avait choisit pour fonder sa guilde ! Il ordonna de retourner complètement l'île, quitte à détruire toute la forêt; maintenant que chacun savait que la clef se trouvait dans ces contrées, il préférait la trouver lui-même que de la laisser à un mage aux idées peu enviables. En effet, il s'était décidé à s'opposer à Black Jack, celui qui voulait pleinement profiter du pouvoir des clefs, et si Emil recherchait également avidement les trois artefacts, c'était pour les cacher de sa propre main du squelette malfaisant.
Ce jour-ci, le chantier nord comme le chantier sud avançait activement. Emil, resté momentanément dans sa guilde, préférait rester assis à réfléchir au futur plutôt que de travailler de lui-même à la recherche de la clef. Sa confrontation avec Black Jack était imminente : depuis le jour même où il avait prit les commandes de Legion, il s'était promis, avec Jack, qu'à un moment donné, leurs convictions seraient tellement différentes qu'ils allaient devoir s'affronter pour savoir qui continuerait à régner sur Legion. Les membres eux-même étaient partagés : certains suivaient les idées d'Aleksander, d'autres étaient complètement avec le squelette. La crise au sein de Legion semblait à son apogée, et à ce jour, Emil n'avait toujours aucune idée pour s'en sortir. Il était un criminel aux yeux du monde entier, même si il n'avait tué personne depuis la création de la guilde, et son destin était scellé; mais il pouvait quand même influer sur l'histoire en faisait les bons choix. Si son but ultime était d'arrêter la folie de Black Jack, qu'importe la direction qu'il prendrait, s'il réussissait, le monde serait sauvé. A présent, ce n'était plus pour lui qu'il réfléchissait, il ne vivait que pour les visages qui l'avaient accompagnés.

Assis sur une table du rez-de-chaussée de la guilde, qui servait de taverne, Emil était plongé dans ses pensées en fixant un point imprécis sur le mur foncé face à lui. Parfois, des membres passaient, sans se soucier vraiment de lui; il n'avait pas beaucoup de contact avec les mages de sa propre guilde, et c'était une première pour lui de descendre pour s'assoir à cette place; d'habitude, une quinzaines de mages braillards se trouvaient là, mais la plupart étaient en mission, et les autres se contentaient actuellement de travailler sur les chantier. Le silence était donc pesant dans la large pièce. En levant la tête au dessus de la porte d'entrée, Emil vit, sur l'horloge, qu'il était 16H49.
Il se leva, rassembla ses affaires étalées sur la table devant lui, puis s'apprêta à monter pour rejoindre ses appartements, au second étage, quand soudain, il ressentit une étrange sensation.
Du déjà vu.
Il s'arrêta au milieu de la pièce, pour se concentrer sur ce qui venait de le toucher, et il comprit en quelques secondes se qui se passait. En effet, à l'instant même où il su ce qui allait arriver, cela arriva : la porte s'ouvrit à la volée et quatre personnes déambulèrent dans la guilde. Des intrus. Emil, sans vraiment réfléchir, continua sa course en lâchant ses affaires pour grimper les escaliers.

La guilde était la cible d'une attaque; une attaque venant du conseil magique qui venait de comprendre le sens du message de la stèle, visiblement. Vu le faible nombre d'envoyés – quatre mages seulement –, c'étaient soit des éclaireurs, ce qui était peu probable car ils n'auraient pas attaqués, soit le groupe du conseil n'était pas nombreux, sans doute à cause de la précipitation, ou d'une sélection très effective sur les mages : s'ils avaient choisis les meilleurs mages du Royaume pour attaquer, c'était probable : Emil pourrait jurer qu'il avait aperçu, parmi les quatre individus, le visage de son ami et ennemi, Mikio Kiyomizu, et à chaque rencontre, ce mage de Fairy Tail grimpait en puissance.

Emil arriva au premier étage, et instinctivement, pour ne pas exposer ses appartements à un saccage qui allait sans doute suivre, il s'avança vers les dortoirs des mages, qui recouvraient tous l'étage. L'escalier, si on s'arrêtait sur le seuil, présentait un large couloir qui traversait la guilde de long en large : une immense fenêtre, à l'autre bout, éclairait avec la lumière chaude de l'après-midi tout l'espace du couloir. De chaque côté du couloir, des dizaines de portes étaient fermées, emmenant dans des chambres qui se ressemblaient toutes. Les murs étaient peints en gris, le sol était en bois, tout comme les portes. Le couloir était long de trente-cinq mètres, large d'environ deux mètres et haut d'environ trois mètres cinquante. Les proportions étaient suffisantes pour un combat, et au pire, Emil pourrait s'enfuir par la fenêtre, la chute serait douloureuse, mais il serait en vie. Il avait rapidement fait le tour des lieux, établit les circonstances et les possibilités d'actions. La situation ressemblait largement à celle où il avait rencontré Tsukiyo, dans le couloir d'Angel's Sky. A la fin du combat, il avait été presque incapable de lancer un sort. Cette fois, il allait devoir faire attention et gérer convenablement sa magie.

Une silhouette, assez rapidement, se présenta en montant les escaliers. Sans attendre de la discerner convenablement, Emil parla.

«Bienvenue dans la guilde Legion. Je suis Hancko Emil, parfois surnommé Aleksander, chef de l'organisation. Si vous voulez vous battre, sachez que la victoire m'est dores et déjà accordée, et il serait préférable que vous vous rendiez.»

Bien entendu, malgré ces paroles assurées, il était assez angoissé à l'idée de devoir, en plus de combattre, salir les locaux de sa guilde.

Les trois sphères aquatiques, qu'Emil utilisait pour imiter Mikio Kiyomizu, foncèrent à toute vitesse dans le couloir. L'homme, qui ne s'était pas présenté, évita de justesse la première sphère, et utilisa la lame de son épée pour se protéger des deux autres, qui explosèrent violemment au contact avec le fer. Il s'en sortit donc sans aucun dommage, si ce n'est qu'il devait être assez sonné par le choc produit, mais rapidement, il se reprit, ne laissant aucune faille apparaître. Là, Emil vit quelque chose dans la main libre de l'homme; il avait au préalable passé son épée lourde dans son autre main, démontrant une certaine aptitude physique. Ce qu'il tenait dans sa main éclata au contact avec la lumière qui baignait dans la pièce, et Emil ne pu donc, à cause du reflet étincelant, discerner de quoi il était question, mais quand l'homme leva l'objet plus haut, Emil reconnu immédiatement de quoi il s'agissait : l'homme détenait un trousseau qui contenait quelques clefs, et en tenait une, en or, détachée des autres, devant lui.


Un Esprit Stellaire apparut; c'était ce qui pouvait s'apparenter à un bouc, qui avait un appareil à ailes dans le dos, et qui était élégamment vêtu, portant également des lunettes de soleil. L'homme donna un ordre à son Caprico :


Là, l'homme à l'épée dépassa l'Esprit Stellaire en se mettant à courir vers Emil, tenant son épée qui pointant dangereusement vers le chef de Legion. Interloqué, ce dernier utilisa une nouvelle fois la carte représentant Mikio Kiyomizu, et lança une seule sphère cette fois, persuadé que, avec la faible distance, il allait se la prendre. Mais, contre toute attente, l'Esprit Stellaire fonça par dessus son maître, propulsé par l'appareil qu'il portait dans son dos, et fonça avec une vitesse fulgurante vers Emil. Le maitre de Legion comprit au dernier moment que Caprico n'allait pas s'arrêter et allait charger de face l'homme, et il retourna alors la deuxième carte qu'il avait dans la main : elle représentait Seisui Nova, l'ex-chef de Phénix Wing. Il utilisa immédiatement la téléportation, et disparut pour réapparaitre à la place où se trouvait l'homme quelques secondes plus tôt, juste devant les escaliers. Là, l'Esprit Stellaire, pensant rentrer en collision avec Emil, ne pu stopper sa course à temps et fonça dans la fenêtre, qui se brisa en milles morceaux. L'homme, lui, se trouvait aux alentours du milieu du couloir, et tournait encore le dos au chef de Legion, qui en profita pour faire apparaître quatre cartes et les lancer à terre, dans l'espace qui les séparait. Chose faite, il interpella son adversaire.
Il était prêt à reprendre le combat, mais dans quel état ? Utiliser la téléportation revenait à dépenser une importante quantité d'énergie, il ne pourrait donc pas esquiver de cette façon excessivement; de plus, son adversaire utilisait des Esprits Stellaires, tout comme Nahoko Kie, qui s'apparentait à sa rivale. Un douloureux souvenir, celui de son premier combat de mage, qui l'opposa à cette petite femme, qui utilisait également des clefs stellaires. Il avait lamentablement perdu, Nahoko avait délaissé toute envie de combat devant la faiblesse d'Emil. Littéralement blessé dans son orgueil, le fait de combattre à nouveau un Esprit Stellaire fit horriblement mal à l'homme. Allait-il pouvoir combattre réellement ? Quand l'homme levait son trousseau, il voyait Nahoko effectuer le même geste, et ressentait à nouveau le sentiment cuisant éprouvé suite à sa défaite. Déstabilisé, il essayait de rester de marbre face à l'adversaire, pour ne pas faire transparaitre son mauvais état.
Il fit alors apparaître deux cartes, et, avec un sourire faux, il les lança vers l'homme. Au moindre contact, les cartes disparaitraient, ne causant aucun effet. C'était déstabilisant, pour l'adversaire, de savoir si on était touché par quelque chose ou pas. En tout cas, le combat continuerait, et à un moment ou un autre, ces mystérieuses cartes qui disparaissaient au moindre contact referont parler d'elles...

Par chance, l'adversaire d'Emil leva ses bras pour se protéger des deux cartes qui fonçaient vers lui, et il fut donc touché. Emil, satisfait, se sentit soulagé; il avait encore des ressources à offrir.
L'homme, tout de même assez intrigué par les cartes, les oublia rapidement pour se concentrer sur le combat. A nouveau, il voulut attaquer au corps-à-corps, ce en quoi le chef de Legion était le plus vulnérable, mais cette fois, il changea de tactique comparée à la dernière fois : il reprit sa course, l'épée en main, pour attaquer de face son adversaire, mais il y avait également l'Esprit Stellaire, remit de son choc précédent, qui fonçait juste devant pour attaquer de même sorte. Le duo de combattant semblait s'allier parfaitement pour ne faire qu'un; et c'était primordial pour Emil de rester à l'écart.
Ainsi, quand l'homme fut à hauteur des cartes qu'il avait lancé à terre, il incanta :


Une des cartes se matérialisa en un énorme Glyphe sur le sol, et l'homme était en son centre. Le Glyphe d'Immobilisation a pour effet d'enfermer une personne qui pose le pied dans la zone du Glyphe; faisant trois mètres de diamètre, il est impossible pour l'homme de ne pas éviter la zone, surtout étant au centre; par conséquent, une barrière invisible et impénétrable se forme sur tout le périmètre de la zone.
Il restait encore l'Esprit Stellaire, qui, n'étant pas considéré comme un humain, n'est pas affecté par les effets du Glyphe; Emil savait cependant comment y remédier instantanément : il fit apparaître deux cartes qu'il appliqua sur sa poitrine.


L'Esprit Stellaire disparut instantanément. Le sourire aux lèvres, Emil se dépêcha d'expliquer ce qui venait de se passer à l'homme.



Après de telles confessions, Emil ne doutait pas que l'homme, enfermé pendant quelques secondes dans la zone du Glyphe, se rende compte qu'il était libre à partir de maintenant. C'était un risque énorme, suicidaire, mais c'était la seule éventualité qu'Emil avait trouvé pour que, pendant deux minutes, l'homme ne soit pas aidé par les esprits. Il gardait cependant sa large épée, et sans magie, le combat au corps-à-corps s'imposait. Misant le tout pour le tout, Emil ouvrit la porte juste à côté de lui et arriva dans une chambre d'un des mages. Posé sur le bureau, plusieurs armes, allant du Katana aux poignard, étaient exposés, venant sans doute d'être nettoyées. Emil prit une épée qui ne semblait pas trop lourde et assez maniable, et se retourna. La chambre, assez petite, comptait un lit dans un angle, un bureau à côté et une fenêtre au dessus de ce bureau. Un placard, sur le mur d'en face – donc celui de la porte – , servait à entreposer les affaires de celui qui y logeait. Par chance, une porte adjacente servait à relier les chambres les unes-aux-autres sans passer par le couloir. Ce que l'homme ne devait sans doute pas savoir. Le plus rapidement possible, Emil ouvrit cette porte à la volée et arriva dans une nouvelle chambre; il referma la porte en la claquant derrière lui, et recommença trois fois la même action. Il se rendit alors vers la porte qui menait dans le couloir, l'ouvrit, et arriva aux environs du milieu du couloir, ne sachant pas où se trouvait l'homme. En garde, il était prêt à riposter avec son épée, même si ses performances étaient médiocres.

Avec étonnement, Emil dû constater que l'homme ne l'avait pas suivi dans les chambres, mais était resté patiemment dans le couloir, ce qui lui permettait de rester en lieu sûr et d'éviter un piège tendu par le chef de Legion. Ce dernier, pourtant, n'avait rien préparé de tel; il tenait juste une épée trouvée à la va-vite pour contrer en temps voulu les offensives au corps-à-corps de son adversaire.
L'homme, voyant donc Emil arriver vers lui, s'approcha pour tenter une attaque. Maniant habilement son épée, il donna des coups simples mais déstabilisant pour Emil qui n'était pas doué dans ce genre de combat. Il préférait ruse et espièglerie à la force; et c'était là son point faible. Alliant sa force physique à sa large épée, l'homme donna un coup fatal à Emil, qui, la main tordue, du lâcher l'arme qui fut projetée plus loin, à terre. Immédiatement, pour éviter un coup, Emil leva les bras en l'air et les plaça derrière sa tête. Il se mit à genoux devant l'homme, et arbora un sourire déçu.

«J'ai perdu, tu es trop fort. Dans quelques secondes, je retrouverai ma magie, mais elle me sera inutile si tu me gardes au corps-à-corps...Et je dois t'avouer que je ne compte pas m'éloigner de toi et de ton épée. Je crois que tu es assez réfléchi pour ne pas me faire souffrir directement, et que tu me livreras sauf au Conseil Magique. Je te suivrai sans résistances.»

Il releva la tête pour regarder l'expression de l'homme, puis se releva lentement à sa hauteur, le moins brusquement possible pour ne pas montrer qu'il pouvait s'enfuir.

«Pourrais-je connaître le nom de l'homme qui a attrapé le chef de Legion ? Je préfère avoir les cartes en main, vois-tu. Enfin, c'est comme tu veux, je ne t'oblige pas...Ce n'est pas comme si j'étais en situation de force, désormais.»

Il sursauta quand il entendit du bruit, à l'étage en dessous. Il devait y avoir un combat, juste sous leurs pieds. En effet, les mages légaux semblaient être en nombre supérieur aux mages de Legion, d'après ce qu'il avait vu quand ils étaient entrés. Peut-être des renforts étaient arrivés. Il fit la moue.

«Si tu m'emmènes dans votre...base – si vous êtes organisés -, je préfèrerai ne pas passer par ce chemin. On tomberait sur des mages légaux qui pourraient me faire mal, ou pire...des mages de ma guilde qui pourraient me délivrer. Mais ce n'est pas ca que je veux.»

Il regarda celui qui l'avait défait dans les yeux.

«Non, ce que je veux, c'est une chose bien précise. Je veux que tu me montres ta justice. Je connais assez le conseil pour savoir qu'il garde le contact avec le front. Dans votre base, il doit y avoir une radio. Amène-moi là bas, et, menotté ou pas, laisse moi parler au conseil. Je t'en supplie. C'est la dernière volonté d'un condamné.»