| Sujet: Mission lolipop Dim 17 Avr - 18:59 | |
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Les sucettes du bonheur Rang de la Mission : D Objectif : Qui n'a jamais entendu parler de cette sucrerie qui se vend si bien ? La sucette satougashi se vend comme des petits pain et fait le bonheur des enfants gourmands. Votre mission est de travailler pendant deux jours dans la fabrique de cette sucette de renomée mondiale, et d'inventer un nouveau parfum qui devra plaire aux patrons de l'entreprise.
Cela faisait bien dix minutes que je me triturais l’esprit comme un de ces personnages de théâtre soumis au plus grand des dilemmes. Je lorgnais encore et toujours les deux affiches, celle-ci et une autre parlant d’un chat égaré. Je n’arrive pas à me décider pour ma première mission, comme s’il s’agissait d’un choix vital ! Mais je n’y peux rien je suis comme ça. Chat ? Sucette ? Elles ont toutes les deux l’air intéressantes, et niveau rémunération, elles sont assez équivalentes... Bon j’en ai assez, face aux grands maux, les grands moyens !
- Plouf-plouf ! Gnagnagnagna… Au bout de trois ce sera… toi !
Ma petite chansonnette avait arrêté mon doigt sur la première affiche. Ce sera donc les sucettes du bonheur. Dilemme résolu, je pourrai dormir tranquille ce soir. C’est donc à Crocus que je dois me rendre demain matin, pour l’ouverture de préférence. On s’est arrêté plusieurs fois là-bas avec mes parents quand on voyageait. Et pourtant, elle est tellement grande qu’il y a sûrement des tonnes de lieux qui m’y sont encore inconnus. Et en plus de ça, cette ville dynamique est propice aux changements. Soyons positifs, il n’y a aucune raison que je me perde. Ha, j’ai hâte d’y être ! Mon excitation a perduré toute la soirée, mais je réussis tout de même à m’endormir.
~ Je saute sur le quai avec mon petit sac à dos à la main. Deux jours, donc une nuit à Crocus. Je me dirige tout excité vers la galerie marchande. Elle ne fut pas dur à trouver, c’est qu’elle déborde d’activité même le matin. La plus part des petites échoppes sont en train d’ouvrir, les marchants étalant leurs marchandises de toute nature. J’ai tout de même du demander mon chemin à deux ou trois personnes avant de trouver mon magasin de bonbon. En me voyant m’arrêter devant le magasin, la jeune vendeuse me demande avec un sourire aimable :
- Vous voulez quelque chose ? Il y en a pour tous les gouts.
Elle est polie, souriante, jeune et jolie. Tout ce que l’on peut apprécier chez une vendeuse quand on y réfléchit. Mais je sens malgré tout une légère hésitation de sa part. Je la comprends, que viendrait chercher un garçon aussi âgé que moi dans un magasin de sucrerie. Et pourtant, si je n’avais pas été en mission, je me serai sûrement laissé tenter. Enfin, je ne suis pas là pour ça
- A vrai dire, non. Je suis un mage d’Angel’s Sky et je viens suite à votre requête. - Oh je vois ! Attendez, je vais chercher ma tante, je reviens.
Je lui avais répondu avec un sourire discret. Je suppose que la tante est la propriétaire du magasin. Il n’y a pas besoin de sortir d’une grande académie pour comprendre ça. La jeune vendeuse fut de retour avec un homme et une femme qui devaient avoir dans la soixantaine. Peut être qu’en fait, il y a deux propriétaires. Le monsieur prit la parole le premier
- Tu arrives juste à temps, j’allais partir à mon rendez-vous. Aujourd’hui, tu dois juste me remplacer. Ne t’inquiète pas, Karina, ma femme te montrera comment tout fonctionne. En revanche demain, je veux que tu me confectionne un nouveau parfum. Tu auras la matinée pour ça.
Naturellement, je fais oui de la tête en signe d’approbation. Le patron s’excuse et affirme qu’il est vraiment temps d’y aller avant de s’éclipser. J’accompagne donc la dénommée Karina dans une arrière-salle de la boutique. Ça ressemble à une cuisine, en beaucoup plus grand. Et là, nous nous mettons à la tâche. Cette vieille dame est fort sympathique. Et très pédagogue. Ce n’est pas si compliqué que ça, de faire des sucettes. Il faut d’abord faire une espèce de potion visqueuse, à chaud. Évidemment, la recette change en fonction du gout. Et ensuite il faut verser ça dans des moules et laisser refroidir. Mine de rien, c’est extrêmement amusant. Tout du moins, de mon point de vue. Peut être que je ne tiendrai pas le même discours si j’en faisais tous les jours de l’année. Karina apprécia mon esprit de débrouillardise et mon apprentissage rapide. Les émotions qu’elle dégage me perturbe un peu, elle est joyeuse, mais aussi un peu triste. C’est complexe à interpréter, ce genre de paradoxe. Alors que l’on prépare des sucettes à la menthe – très odorante et agréable comme recette –, je me permets de me mêler de ce qui ne me regarde pas, encore une fois.
- Vous allez bien ? - Oui bien sûr. Tu me fais penser à un petit enfant à qui on aurait offert un nouveau jouet. Ca change de mon mari, qui est plutôt du genre sérieux.
Je bloque sur le début de la phrase. Je m’amuse effectivement comme un fou, et je ne le cache pas. Mais la tournure qu’elle a utilisée pour dire ça… Peut être que je lui rappelle quelqu’un. Ca expliquerait cette espèce d’arrière onde de tristesse : il s'agirait de la nostalgie. Pour ne pas paraitre trop indiscret, je me concentre à nouveau sur mon travail. A la fin de la journée, j’ai même pu aider un peu en boutique à la vente. J’ai pu voir quelques enfants, ils semblaient tous rayonnants quand on leur offrait des sucettes. Ils ont eu un effet très positif sur mon moral. Avant de partir à la fermeture, la vendeuse vint me voir, avec une voix timide.
- Alors, vous avez une idée pour demain matin ?
Ca m’était presque sorti de la tête. Mais en voyant les différents gouts aujourd’hui j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de fruits. Du coup, j’ai pensé que le patron devait adorer ça. Résultat je me suis mis en tête d’en trouver un qui n’était pas déjà dans les rayons. C’est donc à moitié sérieux que je réponds
- Le kiwi !
La nièce fut tout d’abord un peu décontenancée, puis elle rit avec moi quand elle comprit que je n’étais pas vraiment sérieux.
- Je crois que l’on a assez de fruit comme ça. Je suis sûre que mon oncle cherche autre chose… De vraiment nouveau.
Je prends bonne note de ce qu’elle vient de me dire. C’est une source sûre. Il va falloir que j’arrête de m’amuser à dépister des fruits comme la papaye et que je songe à un vrai parfum. Nous partons chacun de notre côté tout en se souhaitant une bonne soirée. Ils sont vraiment sympas dans cette confiserie. Je n’ai pas envie d’aller à l’hôtel tout de suite, donc je prends mon temps en admirant autour de moi. A peine au bout de la rue, je ressens une émotion de tristesse naitre, vraiment pas loin. Elle est arrivée tellement vite que je ne peux m’empêcher de chercher la personne qui en est à l’origine. Et là, je vois un petit garçon planté devant la boutique où j’ai passé la journée, fermée. Je n’ai aucun mal à comprendre ce qui se passe et je me dirige vers le petit gringalet haut comme trois pommes.
- C’est vraiment pas de chance, ça vient de fermer.
Le petit lève ses yeux gris vers moi. Un peu étonné, apeuré, et toujours triste. Je ne supporte pas de voir un enfant comme ça. Mais je le sens très méfiant, d’ailleurs il vient de reculer d’un pas et ne répond pas. Je préfère ne pas m’imposer et je fais demi-tour. Mais je ne me retiens pas de lancer
- Reviens demain, un peu avant midi, tu auras une surprise. Je te le promets
Je me demande pourquoi il est seul. Non en fait je ne veux pas savoir. Il a surement un de ses parents pas loin. J’espère. Ce soir là, je me suis endormi la tête pleine de saveur à inventer. J’en ai même rêvé. Et il y avait des compositions extrêmement bizarres que je ne préfère même pas vous faire partager.
Le lendemain je suis retourné au magasin pour l’ouverture. La nièce, l’oncle et la tante étaient déjà présents. Je profite du fait que le couple soit occupé pour parler un peu avec la vendeuse. Et puis Karina est venue me chercher pour m’indiquer ma salle de travail. C’était le même type de cuisine. Sauf qu’il n’y avait qu’un seul plan de travail. Les étagères à ingrédients étaient elles, au contraire, plus nombreuses. Logique, ma consigne est claire. Je me mets au travail, et cette fois j’ai l’air plus concentré qu’amusé. J’essaye une bonne partie des idées qui me sont passées par la tête hier soir.
Au début, je me suis inspiré des desserts que maman avait l’habitude de cuisiner. Ma première sucette devait avoir un gout de chantilly. Il s’est avéré que le gout n’était pas assez fort. Déçu, je tente la crème anglaise. Je n’ai pas aimé du tout. Autant le fondant au chocolat sur lit de crème anglaise et surmonté d’une pointe de chantilly de maman est affreusement bon, autant ces sucettes sont… indescriptibles ? Ou peut être que c’est juste moi. Je n’ai même pas le courage d’essayer de faire un mélange. J’ai essayé la barbe à papa, mais j’ai trouvé que ça ressemblait trop à la fraise. Je me suis donc retranché sur le sirop d’érable. Mais j’ai réalisé que c’était trop fort… Je crois que je suis un peu trop exigent avec moi-même. Peut être que je suis sélect, mais le sucre, ça me connait. Il me faut quelque chose de sucré, mais de doux, et surtout pas fruité… Et là, éclair de génie. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus original, mais ça fera l’affaire. Je mets en œuvre mon idée le plus vite possible et je goute la sucette.
- C’est exactement ce que je cherche !
Je regarde l’heure, je suis dans les temps. J’ai utilisé plusieurs moules différents, et me voila avec un lot de sucette en forme d’étoile, de fleur, de papillon… Fier du résultat, je débarque dans l’arrière cuisine où j’ai travaillé toute la journée d’hier, et où Karina et son mari travaillaient encore
- C’est prêt. Dites moi ce que vous en pensez ! - Qu’est-ce que tu nous as concocté ? demande Karina avec un air curieux - Goutez donc, et devinez !
Ce n’est pas comme si c’était difficile à deviner. Mais c’est juste pour garder le suspens. Aucun des deux n’hésite et ils se lancent tous les deux sur les sucettes jaunes. Je suis un peu nerveux, mais surtout excité. Je prends définitivement ce boulot trop au sérieux.
- Mais… C’est au miel. - Ca ne vous plait pas ? - Si ! Si ! C’est une idée géniale ! En plus de ça, elles sont bien dosées. C'est de l'excellent travail. Tu peux considérer que tu as réussi.
Wow, j’ai eu peur. Je suis étonné par l’enthousiasme dont il fait part, mais je suis satisfait. Tellement que… Emotion wave Eh mince… Et voila, je rayonne. Je veux dire, littéralement. De la lumière sort de moi et mes cheveux sont plus blonds que d’habitude, si je puis dire.
- Erm excusez moi. C’est mon pouvoir qui fait encore des siennes.
Karina n’arrive pas à retenir un rire taquin tandis que le gérant me regarde avec des grands yeux. Après cinq bonnes minutes je reprends le contrôle de mes émotions. Je me dirige vers la boutique, où je reçois les félicitations de la vendeuse. Je la remercie pour ses conseils de la veille, même si elle considère qu’elle n’y est pour rien. En plus de la récompense, j’ai eu droit de partir avec quelques sucettes. Dont quelques unes de mes nouveautés. J’ai discuté avec la vendeuse jusqu’à ce que j’aperçoive une petite tête brune dans la queue. Je l’ai reconnu, il est venu. Je me dirige vers lui et je m’accroupis juste à côté
- Salut… Comment tu t’appelles au fait ? Silence. - …Alexis. - Joli nom. Tiens, c’est pour toi, comme promis, lui dis-je en tendant une sucette au miel. C’est moi qui les ai inventées, ce matin même. J’espère que ça te plaira.
Il était toujours mal à l’aise. Toujours dans la même optique, j’attends qu’il prenne la sucette puis je pars sans m’imposer. J’ai senti sa joie naitre derrière moi peu de temps après. Je n’ai pas besoin de remerciement, ça me suffit amplement ce genre de sensation. Bon, mission accomplie ! Il est temps de rentrer.
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