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L'Armille de la Murmurante
 MessageSujet: L'Armille de la Murmurante   L'Armille de la Murmurante EmptySam 10 Nov - 0:18

Solis Farron
Solis Farron

Lamia Scale

Click

Solis serrait le parchemin contre lui en suivant distraitement une carte. C'était la seconde fois. Il avait presque traversé la guilde en vol plané pour arracher la mission quand il avait reconnu l'écriture. Il s'était fait mal sur le sol de pierre dallée; mais c'était un détail.
Dans le petit village de Nidiver
Au pied des montagnes de fer
Le bracelet chantant
A réveillé l'ombre du coeur batant
Seul l'éclat du soleil pur
Saura apaiser l'artéfact obscur

Signé: Troublant Troubadour


Se pouvait il qu'il ait encore raison? La dernière fois, il avait trouvé le pomander de l'Impur. Un autre artéfact était il réveillé et caché? Si c'était vrai, il fallait au plus vite l'arrêter. Il s'était donc aussi rapidement que possible mis en route vers Nidiver, dans les montagne de fer de Jura. Le village était isolé entre les monts, et difficile d'accès, si bien qu'il lui faudrait faire une partie à pied. La charrette l'avait déposé au col le plus accessible, puis il lui fallait descendre de lui même dans le creux, et trouver Nidiver. Le truc, c'est que les cartes en forêt ressemblait vaguement à des plats de spaghettis. Bien cuits. Il avait fini par avoir besoin d'aide...

L'Armille de la Murmurante Lilith16

Je suis genre, sûuuuuuuuuure que c'est par là.

Nyah, tu penses ou tu es sûre?

Genre trop sûuuuuuuuuuuure.

Cela faisait presque une demi heure qu'ils marchaient dans les bois. Enfin que lui marchait, et qu'elle babillait.

Mais en fait, tu sais encore moins bien lire une carte que moi...

Bah ouais. D'habitude, je sais juste, je m'amuse pas à lire un bout de papier sur lequel on dirait qu'on s'est mouché

Vu comme ça...

LOUAHOU

Un homme dépenaillé, et partiellement nu débarqua devant eux, seulement vêtu d'un pagne de feuilles, et il chantonnait on ne savait trop quelle histoire de cochon mangé et de hyènes.

Iiiiiiiiiiik, tue le, tue le!

Mais non, on ne tue pas les gens comme ça!

Solis s'approcha lentement de l'homme qui ondulait toujours, la petite fée cachée dans ses cheveux blonds.

Ahem... Excusez moi, Nidiver, c'est par là...?

L'homme lui tourna le dos, avant de pencher en arrière de façon démesurée, se retrouvant tête en bas, et rigoureusement campé sur ses deux pieds.

Pour sûr petite carpe, suis la rivière et tu trouveras le soleil.

Hmm... Sans doute oui...

Et maintenant, tu vas te décider à le tuer...?

Ignorant la fée, Solis suivit la route que l'homme lui indiqua de l'orteil. Il se demandait s'il ne valait pas mieux amener l'homme avec lui, car il doutait singulièrement de ses capacités mentales à survivre seul. M'enfin, s'il suivait la rivière comme le mérou, ou il ne savait plus quoi, l'homme trouverait de l'eau et de la nourriture. Ou alors il reviendrait de lui même d'où il était venu.

Tu peux être sûr qu'on va finir dans un volcan...

Y a pas de volcans!

Oui, bah jusqu'à il y a 2 minutes, il y avait pas non plus d'hommes se dandinant en pagne!

La fée marquait un point sur ce coup... M'enfin bon. En théorie, on tombait pas dans des volcans comme ça par hasard. Normalement. Théoriquement. Avec de la chance...? Oui, bon bah il regarderait où il mettait les pieds. Il regarda tellement ses pieds qu'il manqua de heurter le mur d'une maison. Ignorant les ricanements de la fée qu'il congédia, il fit le tour de la demeure pour trouver un petit bourg. Sympathique construction champêtre aux couleurs douces et boisées, Nidiver était une très belle ville. Mais alors boudiou quel bazar dedans! Le jeune homme était consterné.

Partout, des gens dans des tenues diverses et variées (voire sans tenue du tout), courraient, jacassaient, jouaient de la musique. Autour, des gens qui semblaient un tantinet plus "sains d'esprits", tentaient de les calmer. Sans doute des proches. Un homme nu vint soudain se poster devant Solis. Celui ci vira au rose soutenu. Enfin nu... Il avait un chapeau...

Bienvenue à Nidiver, je suis le maire, puis je savoir ce qui vous amène dans ma sympathique bourgade?

Beh...

Papa, viens mettre une veste!

Une jeune fille accourut couvrant l'homme d'une cape.

Je suis désolée. Je ne comprend pas ce qui lui arrive. Lui qui était si frileux...

Mais laisse moi, j'ai chaud!

Papa, rentre à la maison... S'il te plait...

L'homme partit tout guilleret vers sa demeure, très fier dans sa tenue d'adam. Une femme peinte en vert passant brièvement en caquetant.

Je suis désolée que vous veniez dans ces conditions. Depuis quelques temps, le village tourne à la folie. Les gens perdant l'esprit se multiplient... L'ancien dit que nous avons mis en colère l'Oni de la montagne, et qu'il nous punit.

Je suis ici pour mon travail, on a posté une requête de mission au sujet de votre village.

Ah? Je l'ignorais. J'espère que vous pourrez nous aider alors...

La jeune femme l'amena voir les "malades". Ceux ci semblaient dans une forme éblouissante. Mais complètement siphonnés. Bien que certains, comme le maire, auraient pu paraître normaux. C'était alors des détails. D'après la demoiselle, Amelia, l'Oni volait un esprit chaque nuit, et le village avait un fou de plus. Le notaire avait prit la fuite avec un pagne en chassant le mérou (ah, ça c'était du déjà vu), la boulangère s'était peinte en vert, le maire se promenait nu... Toute une suite de bizarreries.

Amelia proposa à Solis de passer la nuit dans leur foyer, après lui avoir assuré qu'elle tiendrait son père en laisse. La femme du maire était charmante et enjouée, même si dans ses yeux se lisait le chagrin d'avoir perdu une part de l'homme qu'elle aimait. Elle fit de son mieux pour accueillir Solis en la mesure. Ils avaient une chambre d'amis, il pourrait donc passer la nuit ici, et peut être surprendre l'Oni dans ses vols.

Ce soir là, il était penché à la fenêtre, les volets légèrement entrouverts pour surveiller. Le vent du soir passait au travers des carillons sur les seuils des maisons. Tout semblait a priori calme. La lune vint même éclairer le village, facilitant sa vision. C'est à ce moment qu'il l'entendit. Cela commença par un carillon seul qui sonna, comme si on l'avait frôlé. Puis ce fut comme si un courant d'air passait. Un sifflement entre les murs, au rang du sol, mais bien trop dirigé et réfléchis pour être naturel. Solis n'arrivait pourtant pas à voir quoi que ce soit. Puis un bruit de fenêtre claqua, suivi d'un cri. Quelqu'un s'était fait avoir. Solis ouvrit les volets, puis se coula par la fenêtre sur le toit, se laissant glisser jusqu'à la gouttière, avant de se laisser tomber à terre. Urk, les scènes d'action, c'était pas pour lui, il prendrait une doublure. Le cri venait de la maison d'en face. Il se rua vers elle, mais à peine arrivait il au parvis que les volets du premiers étages furent brusquement ouverts, et qu'une... bourrasque passa au travers. Solis ne vit strictement rien. Il tenta de lancer une étoile dessus, mais elle est partit sans broncher, comme si il n'y avait rien. La seule chose étrange était l'éclat argenté qui scintilla un instant dans l'ombre.

Ouvrez vous, portes de la montgolfière, de la reine. Antlia, Cassiopée !

L'Armille de la Murmurante 90016
L'Armille de la Murmurante Anime_18

Antlia envoya un geyser de bulles sur la cible, tandis que Cassiopée élabora un sceau. Cependant, l'attaque passa au travers, et le léger haussement de sourcils de Cassiopée suggéra que le sceau ne prenait pas. Quelle créature pouvait résister à ses puissants sceaux... ? Mais plus urgent, ils avaient une victime.

Solis entra dans la maison, et monta à l'étage. Une femme se tenait à terre, en robe de nuit, tremblant de tout ses membres. Solis la reconnut comme étant Margreth, la bergère.

Madame, madame, tout va bien ?

Elle leva vers lui un regard vitreux. Puis s'écroula. Elle ronflait joyeusement. Solis tenta de la réveiller, pour s'enquérir de son état, mais rien n'y fit. Elle dormait profondément, insensible à toute stimulation.
Entre temps, d'autre villageois étaient entré, et ils regardaient la femme endormie.

En pleine période de vêlage, je comprend qu'elle ait souhaité dormir, mais...

Solis tiqua, mais la pensée passa trop vite. Il n'eut pas le temps bien saisir la pensée. Tant pis.

Que tout le monde aille se recoucher.

L'Oni était passé, il avait pris son esprit, il ne reviendrait pas avant le lendemain. Solis partit se coucher en réfléchissant. Crater ne pouvait pas trouver la source du mal, elle ne pouvait pas dupliquer un être humain, il lui fallait quelque chose d'analysable... La bergère habitait près du centre du village, ce n'était pas la cible la plus facile, donc il devait y avoir une raison. Et ces gens n'étaient pas « fous », ils étaient plus... altérés. Mais ils devaient avoir un point commun.

Le lendemain, Solis fit compte de la liste des victimes et des effets. Il avait tiqué sur quelque chose la veille. Mais quoi exactement ? Il avait senti que les choses n'étaient pas hasardeuses, tout était calculé, mais... pour quoi, et vers où ? Puis il comprit. Brusquement. Oui. Tout était prévu. Mais pas par l'Oni. Il suffisait donc de prévoir un piège pour cette nuit. Il s'était fait avoir la nuit derrière, mais cette fois, il serait prêt.


Le jeune homme se tournait dans son lit. Les yeux fermés, la nuit passait doucement. Un courant d'air lointain fit jouer du carillon. Puis une sorte de boule d'air entra dans la chambre, se dressant devant lui. Et il ouvrit les yeux. Des yeux couleur d'or. Sur son poignet étincelait le symbole de la Murmurante. Ses yeux ensorcelés lui permettaient de voir les choses magiques et cachées. Aussi, ce n'était pas une boule d'air devant lui. Mais la silhouette d'une femme. Qui poussa un terrible hurlement quand il la regarda dans les yeux. Elle se tordit et s'agita dans les airs, comme brûlée. Puis dans un gémissement d'agonie, elle s'élança vers le jeune homme, des doigts spectraux tendus, prête à lui arracher les yeux. De surprise, il écarquilla les yeux, ce qui eut pour effet d'achever la créature. Il savait d'office ce qui se passait. Seul le pouvoir d'un Apôtre peut faire taire la relique. Au poignet de la créature en train de s'effilocher, se trouvait un bracelet d'argent. Bracelet qui alimentait toute la structure. La relique maudite de la Murmurante. Le bracelet tomba soudain avec un plonc sonore. Dessus se trouvait le symbole indiquant que l'objet avait été scellé. Mission accomplie.


Solis dut faire un commentaire de nuit. Les habitants avaient bien entendu les hurlements de la créature, et par conséquent s'étaient empressé de venir. Y compris le maire, enfin rhabiller. Ainsi, Solis put leur expliquer. La Murmurante était l'Apôtre de l'âme, et la relique avait effectivement envoûté leur esprit. Sauf que tout comme l'Apôtre elle même, c'était une bonne action pervertie. Elle avait réalisé leurs vœux. Le maire, auparavant très frileux. La bergère, qui manquait de sommeil. Le comptable qui trouvait sa vie ennuyeuse. Chaque nuit, le spectre se rendait chez la personne dont le vœux était le plus fort, et le « réalisait ». Mais avec pas mal de ratés. D'où un maire nudiste et une belle au bois dormant. Pour la piéger, Solis n'avait eu qu'à faire un vœu aussi fort que possible, pour l'attirer. Il avait une nouvelle relique en sa possession. Cependant, il avait encore eu beaucoup de chance. Que ferait il quand il tomberait sur une relique pour laquelle il n'aurait pas le pouvoir adéquat ? Mieux valait être plus prudent désormais. En espérant que les reliques attendraient aussi.

Solis se demanda un instant ce qui serait arrivé si la Murmurante avait exaucé son vœu. Un vœu secret. Il ne le saurait jamais.
   
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